Blues Power Band
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST

Nda : Le Blues Power Band est de retour et ce n’est pas un hasard si, pour la circonstance, un point d’interrogation a été ajouté derrière le terme Blues de son nom. C’est, en effet, plus rock que jamais, avec la légendaire énergie qu’on lui connait et en grandes pompes (marquées du drapeau britannique bien sûr), que le combo parisien a fêté la sortie de son nouvel album « Invasion » (Dixiefrog) le 21 mars 2014 au Divan du Monde. L’émission Route 66 y était et en a ramené une interview enregistrée quelques minutes avant la montée sur scène du quintet. Pour une fois, ce sont les guitaristes (Régis « Papygratteux » Lavisse et Pascal « Paco » Guegan) qui s’y sont collés. Une exclusivité qui ne me fait évidemment pas oublier le respect et l’amitié que je porte aux autres membres de ce combo, qui n’a pas fini de nous réserver des surprises (le chanteur Hervé « Bannish » Joachim, le bassiste Nicolas Paullin, le batteur Olivier Picard « Bathus » et l’organiste Damien Cornelis). Magnéto…

Puisque j’ai la chance de réaliser cette interview avec les deux guitaristes du groupe, pouvez-vous me dire en quoi vous vous complétez et en quoi, cette complémentarité se matérialise sur disque comme sur scène ?
Régis : Il y a des complémentarités à plusieurs niveaux. Déjà en termes de sonorités, puisque Pascal est plutôt un adepte des guitares Fender. C’est-à-dire de sons assez cristallins et un peu creusés. Pour ma part, je suis un adepte des Gibson et des doubles bobinages dont résulte un son plus médium, plus resserré et plus compact.
Pascal : Oui, j’acquiesce… absolument, je représente un peu de finesse dans un monde de brutes (rires) !

Régis, tu as assuré la direction artistique du nouvel album du groupe : « Invasion » (Dixiefrog/2014). Quelle était ta ligne directrice au départ du projet ?
Régis : La ligne directrice se situait dans la continuité des albums précédents. Nous venons d’un registre blues électrique (très teinté blues) et, au fur et à mesure des compositions et des disques, nous avons monté le gain de manière progressive. Avec « Invasion » nous avons franchi un cap supplémentaire dans cette direction. Notre son y est plus rock, encore plus énergique, costaud et affirmé. C’est d’ailleurs pour cette raison que, en clin d’œil, nous avons ajouté un point d’interrogation dans le nom du groupe. Ceci pour mettre en exergue le fait qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Nous gardons nos racines blues mais nous nous produisons maintenant dans un registre qui est clairement rock. Nous l’assumons comme tel…

Avez-vous réalisé un gros travail en amont de l’enregistrement, ou avez-vous cherché à conserver un maximum de spontanéité pour les sessions ?
Régis : Pour aboutir à un tel album, le process est assez long. Comme notre registre est, dorénavant, davantage orienté vers le rock, c’est assez écrit. Nous avons bien travaillé les arrangements en amont ainsi que les parties des uns et des autres. C’est plus spontané lorsqu’on est sur du blues où il y a toujours une part d’improvisation plus importante. Pour le coup, nous avons donc travaillé de manière structurée.

En ce qui concerne la composition des morceaux. Le travail a-t-il aussi été réalisé en parfaite harmonie ?
Régis : Nous travaillons souvent à partir d’une idée qui peut être un riff de guitare, une phrase ou un mot clé. Nous soumettons la chose aux autres et, en fonction de leurs réactions, nous creusons et nous complétons l’idée ensemble… avant de se l’approprier collectivement. C’est, en tout cas, souvent comme ça que ça fonctionne !

En ce qui concerne les textes. Avez-vous, également, tous mis les mains à la pâte ?
Régis : Oui, il y a des textes qui ont été écrits par Hervé, d’autres par Pascal et certains par moi. Le vrai linguiste, notre référence, notre « Bescherelle» anglais c’est Pascal… d’ailleurs je ne sais pas comment on appelle le Bescherelle en Angleterre…
Pascal : The Be-scheur-ouelle (rires) ! Dans la mesure où nous écrivons que des textes en anglais, il va de soi que ce sont les anglophones du groupe qui s’y collent. Nous essayons d’être le plus grammaticalement « englishly-correctly »… donc tout le contraire de ce que je dis actuellement (rires) !Je pense que j’écris mieux l’anglais que je le parle. En tout cas, voilà, tu as ta réponse…ce sont les deux guitaristes et le chanteur qui ont participé à l’écriture des morceaux.66

Quels sont, justement, les thèmes abordés sur ce disque ?
Pascal : Il y a du concret et du moins concret. Si on ne dit pas qui a écrit quoi, on reconnait les textes d’Hervé car ils sont les plus « mystiques ». Pour ma part je donne plus dans l’humour et les clins d’œil, je laisse parler Régis pour la partie qui le concerne.
Régis : Moi, je ne sais pas quelle est ma patte…
Pascal : Alors, si c’est comme pour la musique, c’est « bourrin » (rires) !
Régis : Oui, c’est à peu près ça (rires) !

On ressent diverses influences musicales sur ce disque. Il peut nous faire penser au rock anglais des sixties ou à un rock beaucoup plus « lourd » des seventies. On constate, également, qu’un grand travail a été réalisé au niveau des harmonies vocales. Où avez-vous puisé toutes vos inspirations ?
Régis : Je pense que tu as visé dans le mille. Nous avons, effectivement, des influences sixties qui sont très claires et très assumées. Elles sont, quelque part, notre dernier lien avec le monde du blues… y compris, d’ailleurs, dans certaines influences seventies un peu plus « lourdes ». En ce qui concerne les chœurs, c’est quelque chose qui germait déjà en nous sur les précédents albums. Là, nous sommes passés un cran au-dessus. C’est aussi lié à la production car nous n’avons pas hésité à empiler des couches et des couches et des couches de chœurs. Ceci afin d’obtenir un effet, à la fois, emphatique et massif. Nous ne voulions pas uniquement avoir des chœurs de doublage, à la tierce ou en harmonie, de la voix principale. Nous avons aussi des gros aplats, des gros « aaaaah »…

Quels sont les gens qui ont travaillé avec vous sur l’élaboration de ce disque ?
Régis : Il y a l’équipe du studio DGD, puisque l’album y a été enregistré (à Pantin). Je peux donc citer Didier et Nico qui sont ceux qui ont le plus travaillé à nos côtés sur ce projet.
Pascal : Didier est le gérant du studio, il est adorable. Quant à Nico, au son, il a fait un travail formidable… il a des oreilles extraordinaires. Il arrive à entendre des choses que, même à plusieurs, nous n’entendons pas.

Puisque, pour une fois, il n’est pas à côté de nous. Nous allons en profiter pour « balancer » sur Bannish, le chanteur du groupe. Ne trouvez-vous pas que sa voix a encore gagné en ampleur sur ces derniers enregistrements ?
Régis : Tu sais, nous avons du mal à avoir du recul sur ce que nous produisons. Nous constatons que notre registre évolue, mais nous avons tellement passé de temps sur ces morceaux que l’on ne se rend plus trop compte de ce qui en ressort…même si nous sommes contents du résultat. Nous n’avons pas assez de recul, même après 2000 écoutes de chaque morceau (rires)… Ceci dit, tu n’es pas le premier à constater la chose donc ce sentiment est largement partagé. Il est bon de savoir que l’on gagne en épaisseur et en maturité avec les années.

Vous avez, également, beaucoup travaillé sur l’image qui entoure la sortie du disque. Outre les costumes de scène de Régis, vous avez sorti un petit film d’animation pour accompagner la chanson « Gooooooo ! ». Là aussi, avec qui avez-vous travaillé ?
Pascal : C’est le studio Callicore (qui a, par le passé, été récompensé pour son travail autour d’une chanson de John Lee Hooker Jr) qui en est l’auteur. C’est Bannish, qui a un vrai sens pour dégoter les talents, qui en a eu l’idée. Le morceau « Gooooooo ! », qui est atypique dans l’album car plus pop que les autres (c’est, par ailleurs, un morceau « clivant » dans le cd car, si les enfants en sont fans, certains « puristes » du rock’n’roll le rejettent). Le studio a fait un très bon boulot dessus et j’étais mort de rires lorsque j’ai vu le résultat final. Je pense que le « truc » est réussi !

Maintenant que vous défendez cet album devant votre public, prévoyez-vous une exploitation scénique de ces chansons (qui soit différente de celle réalisée sur le disque) ?
Régis : Il y a toujours cette différence, liée au fait que nous sommes sur scène. En live, par exemple, nous ne sommes que deux à faire les chœurs derrière la voix lead. Il y a donc, nécessairement, une interprétation différente. A ce stade, nous n’avons pas encore fait de gros bouleversements et réarrangements. Nous ne nous sommes pas dits « tiens le morceau qui est bourrin on va le prendre en reggae ». C’est aussi un process de maturation pour nous, qui avons la joie d’être présents à 100% de nos concerts (rires). Nous avons besoin de nous renouveler mais nous en sommes au stade où l’album vient juste de sortir. De ce fait, nous ne sommes pas encore « usés » par les morceaux sous leurs formes initiales.
Pascal : On a l’impression de les jouer de la même manière, avec les limites dont a parlé Régis (impossible de mettre 4 guitares et 12 voix). Cependant, les premiers retours font état d’un son un peu différent. Ce qui est une chose normale, car le son live est toujours un peu différent.
Régis : Il s’agit de la respiration du live par rapport au formatage du studio…

Comptez-vous compléter vos concerts actuels par quelques reprises ?
Régis : Nous avons un catalogue de compositions originales qui est assez important. De ce fait, nous limitons de plus en plus nos reprises, car nous avons de quoi faire avec notre propre « portefeuille de chansons ».
Pascal : Ce soir (release party au Divan du Monde, nda) nous allons juste interpréter « I wanna be your dog » des Stooges.
Régis : Et nous allons, peut-être, jouer cette chanson en hommage à Scott Asheton qui vient de nous quitter (le batteur original des Stooges est, en effet, décédé 6 jours avant cet entretien, nda).

Pouvez-vous déjà me parler des prochaines extravagances scéniques du groupe ?
Pascal : Nous venons de donner quelques concerts pour célébrer la sortie du disque et nous en ferons d’autres afin de roder « Invasion » dont 7 extraits (soit une bonne moitié du disque) sont exploités sur scène. Nous y ajoutons toujours, comme il se doit, des chansons plus anciennes tirées de notre répertoire et appréciées de notre public.
Régis : En termes d’extravagances, ce soir au Divan du Monde, nous aurons des écrans sur lesquels le film d’animation de « Gooooooo ! » sera diffusé. Nous essayons toujours d’ajouter un peu de sel et de poivre lorsque cela est possible.
Pascal : Côté extravagances justement, il y a aussi les costumes de scène de Régis. Ils varient d’une soirée à l’autre donc venez… il y a de l’orange, du jaguar, du rouge, du noir et du violet. Je tiens également à préciser que le groupe possède de belles chaussures. Donc, messieurs les photographes, ne vous arrêtez pas aux genoux ou aux mollets !

Nda : Depuis l’enregistrement de cet entretien, une nouvelle « Paname Blues Night » a été programmée au New Morning à Paris. Elle se déroulera le 4 juin 2014 et, en plus du Blues Power Band, elle réunira Gaëlle Buswel et Manu Lanvin.

Souhaiteriez-vous ajouter une conclusion à cet entretien ?

Pascal : Cela faisait un moment que nous n’avions pas joué à Paris. Nous sommes donc très contents d’être de retour et d’y retrouver de nombreux amis. Beaucoup d’entre eux nous ont suivis durant notre périple, aux Etats-Unis, à la fin du mois de janvier dernier. Ce concert s’annonce donc comme une belle soirée de partage.

Puisque Pascal me tend la perche, pourriez-vous revenir sur ce périple américain (ainsi que sur la réaction du public du Tennessee, face à votre musique qui est relativement puissante et que vous avez défendue dans le cadre d’un concours consacré au blues) ?
Régis : Nous avons eu la chance de pouvoir représenter la France lors de l’International Blues Challenge de Memphis, dont c’était la trentième édition. L’accueil y a été très chaleureux et le public était particulièrement enthousiasmé par nos concerts. Les juges aussi l’étaient mais, en revanche, il est vrai que notre registre est plus musclé que ce que l’on y entend d’habitude, il est moins traditionnel. Nous avons, cependant, cherché à rester nous-mêmes avec notre énergie et notre côté rock assez développé. Même si nous y avons présenté notre face la plus blues ce devait, malgré tout, être assez éloigné de l’épure par rapport aux critères du jury. Ce dernier a apprécié notre présence scénique, notre enthousiasme et nos qualités instrumentales. Sur le contenu blues, par contre, nous avons été moins bien notés (rires) ! On va dire que nous étions moins dans l’attendu… Il s’agissait là, en tout cas, d’une superbe expérience qui, au-delà du challenge en lui-même, a été l’occasion d’aller au studio SUN afin d’y enregistrer une session d’enregistrement. Cette dernière sera, probablement, exploitée ultérieurement sous la forme d’un EP. Cette série de concerts outre Atlantique a aussi été une belle expérience collective. Il nous reste de beaux souvenirs musicaux (4 concerts ont été donnés sur place) et extra-musicaux.
Pascal : Il était important, pour nous, de nous retrouver confrontés au public américain, car nous faisons une musique américaine et nous chantons en anglais. On pouvait se demander si on allait être reçus poliment ou si on allait se moquer de nous en tant que « petits frenchys ». En fait, le public américain a été particulièrement chaleureux. De plus, le fait de recevoir des français doit ajouter une touche « d’exotisme ». Je pense qu’ils ont aimé la musique, au-delà de toutes étiquettes de style ou de nationalité. A titre personnel, cela a été une très grosse satisfaction.
Régis : Cela était vrai au niveau du public mais aussi en ce qui concerne les relations entre les différents groupes. Les rapports allaient dans le sens de l’encouragement …S’il y a des groupes avec lesquels nous nous entendons bien en France, nous ne sommes en effet pas fâchés avec tous les combos de la place (rires), on sent qu’aux Etats-Unis c’est vraiment un état d’esprit qui fait partie de la culture locale. On entendait toujours des « It’s great ! » au sujet de nos prestations. C’était très agréable pour nous. Nous craignions d’être décalés (prestations, niveau de jeu…) mais, en fait, nous nous y sommes sentis très bien. L’ambiance nous a, presque, permis de croire que nous étions à la maison !

Remerciements : Xav’ Alberghini et Hervé « Bannish » Joachim !

www.bluespower-band.com

https://fr-fr.facebook.com/pages/BLUES-POWER-BAND/14035200293

 

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

bluespower-band.com

facebook.com/BLUES-POWER-BAND

Interview réalisée
Le Divan Du Monde
le 21 mars 2014

Propos recueillis par
David BAERST

En exclusivité !

 

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL